Ceci n'est pas une dépression !

 - Je suis déprimée… tout est difficile en ce moment.

- Qu’est-ce qui est difficile ?
- Tout ! Rien ne va !
- Je pense que cela vous aidera de mettre clairement des mots sur le tout !
- Je dois m’occuper de ma mère qui est malade, c’est difficile avec la petite qui ne fait pas ses nuits, on se dispute avec mon mari, j’ai repris le travail et je suis débordée. Je vais voir un psychiatre en plus de vous maintenant, il m’a donné des médicaments pour dormir, mais ça ne m’aide pas, au contraire je me sens tout le temps fatiguée.
- Pardonnez-moi, mais je ne comprends pas ce qui ne va pas ? Quel est le problème ?
- Rien ne va ! Comme je vous disais : mon travail, ma famille, mon couple !
- Formulez clairement le problème, comme une équation mathématique, sous forme d’une question ! Je vous suggère d’y réfléchir en commençant par « comment » !
- Je ne sais pas ! Je ne sais plus ! Je suis au bout du rouleau !
- Donc… laissez-moi vous embêter. Ne souffriez-vous pas de célibat lorsque nous nous sommes vus la première fois ?
- Si, c’était dur ! Je vieillissais et je voulais un enfant !
- Justement, quand vous avez rencontré votre conjoint, ne souffriez-vous pas de ne pas arriver à tomber enceinte ?
- Si ! Vous m’avez beaucoup aidée d’ailleurs, je suis sûre que c’est grâce à vous que ma fille est née.
- Et vos relations avec votre maman n’ont-elles pas toujours été difficiles ? Même avant sa maladie ?
- Si, une relation passionnelle et fusionnelle…
- Et votre travail, ne vous permet-il pas de venir me voir ?
- Si, mais où voulez-vous en venir ?
- Vous pensez être déprimée, n’est-ce pas ?
- Je le suis !
- Soit disant à cause des éléments mentionnés avant ?
- Exactement !
- Je me demande, comment faites-vous pour ne pas être heureuse grâce à tous ces éléments !
- Comment ?!???
- Eh bien oui, vous avez un travail, vous n’êtes pas dans le besoin matériel, vous avez un mari que vous aimez, vous avez un enfant que vous avez toujours désiré, une relation fusionnelle avec votre mère ! Je vous demande ce qui vous déprime clairement et précisément, et vous ne savez pas me répondre et identifier le problème. Je vais alors tourner la question autrement ! Comment faites-vous pour ne pas être heureuse alors que vous avez tous ce que vous avez toujours voulu ?
- (Pleure) J’ai besoin de soutien…
- Je pense plutôt qu’en vous donnant du soutien, je vais vous maintenir dans une éternelle insatisfaction ! Je pense plutôt que je dois vous donner précisément ce que vous ne voulez pas ! Car, de toute manière, vous déprimez quand vous obtenez ce que vous désirez !
- Je n’avais pas imaginé les choses de cette manière !
- Justement ! C’est un bon début de réflexion ! Pourquoi avoir imaginé ?
- J’imaginais que ce serait merveilleux ! Mais je me sens débordée, je n’arrive pas à concilier travail, famille, couple ! C’est impossible ! Je dois oublier quelqu’un et c’est moi ! Je suis au bord du gouffre ! Et vous, vous me rajoutez une couche !
- Je ne serais pas votre bouc émissaire, je ne serais pas votre manière d’esquiver le fond du problème !
- Alors c’est quoi le problème puisque vous semblez tout savoir ?
- En premier lieu, qui vous a dit que ce serait simple ?
- …
- En deuxième temps, votre souffrance découle uniquement de la différence entre votre projection, vos fantasmes et la réalité. Vous marchiez dans un désert, assoiffée, épuisée, triste et seule. Vous rêviez alors des cartes postales d’oasis, un palmier qui fait de l’ombre, un petit coin de paradis. Puis par miracle ! Alors que rien ne semblait présager de trouver un tel endroit ! Vous tombez sur une étendue d’eau ! C’est une chance inouïe ! Car, l’issue a failli être tragique ! Vous courrez, vous précipitez à boire l’eau ! Mais surprise, elle est tiède ! Malgré la sécheresse qui tiraille vos lèvres, vous recrachez l’eau ! Vous décidez de vous reposer sous l’ombre du palmier, mais il fait toujours 40 degrés et pas un poil de vent. Mais qui vous a fait croire qu’une eau en plein désert serait fraîche ? Que l’ombre du Sahara serait agréable ? Vos projections étaient erronées dès le début ! Vous ne vivez pas un échec ! Vous ne vivez pas une dépression ! Vous vivez tout simplement ! Bienvenue dans la vraie vie ! Et je suis désolé ! Mais vous êtes au combien chanceuse ! Car nombre d’entre nous sont morts dans le désert assoiffés ! Alors je vous suggère d’arrêter de comparer le réel et l’irréel. Car vous terminerez juste aigrie et triste. Ne tombez pas dans le piège du fantasme idéal ! Sans quoi votre bonheur sera toujours ailleurs. Vous connaissez l’adage, l’herbe est toujours plus verte ailleurs ! L’important n’est pas de boire une eau fraîche ! Mais de boire ! Et je vais même aller plus loin, même si l’eau était fraîche, avec ce raisonnement vous trouverez encore un problème à cette eau. Cette eau est pourtant parfaite ! Elle est même idéale ! Elle est celle qui vous convient ! Elle vous amène là où vous devez être ! Elle vous permet de vous révéler. Je ne vous rajoute pas une couche ! J’en enlève une ! La paix ne viendra pas quand tout ira mieux, elle viendra quand vous cesserez de croire que tout devrait être autrement. Vous êtes parfaite, vous faites de votre mieux et vous pouvez être fière de vous ! Je serais inquiet pour votre dépression quand vous cesserez de vouloir vous battre. Mais là, la personne que je vois en face de moi, est sur le ring, elle prend des coups mais elle tient, elle est forte et courageuse et je parie sûr elle ! Car les seuls perdants sont ceux qui ne montent pas sur le ring. Continuez !

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