La supposition, ce poison !

Rencontre inopinée avec une fidèle du cabinet lors d'une promenade en ville, pendant notre échange avec cette personne habituée de mes services, elle m’avoue : 

- J’étais très mal après un rhume, je n'arrivais pas à m'en remettre. Une fatigue terrible. Je voulais prendre rendez-vous, mais il y a toujours 3 mois d'attente avec vous...

Et voilà comment m'est venu l'idée d'un nouvel article pour vous ce weekend. Voici la suite de notre échange :

- C’est terrible ce mode de fonctionnement et pourtant tellement fréquent

- Que voulez vous dire Clément ? 

- Je veux parler de la supposition 

- La supposition ?

- Oui, dans notre cette société nous avons tellement valorisé et idéalisé qu’une seule forme d’intelligence, que nous avons limiter notre fonctionnement qu’à travers notre cerveau. Ce cerveau qui a eu comme enseignement qu’on le valoriserait que s’il répondait comme on attendait qu’il réponde. On l’a alors conditionné à travers ce schéma de la récompense à n’agir que si l’action produirait le résultat attendu. 

- Je ne vois pas bien où vous voulez en venir Clément, vous allez encore partir dans des délires ! Et je suis garée en double file ! 

- Et bien, votre cerveau par son mode de fonctionnement occidental est devenu accro à la réussite et la récompense que lui procure le résultat qui est attendu par nos pairs, nos chefs, nos amis et nous mêmes !

- Cela ne change rien au fait que je n’ai pas de rendez-vous pour ma fatigue ! 

- Et bien si ! Cela fait tout ! Car en effet, j’ai eu une période où j’avais le cabinet surchargé, et c’est exact avec 3 mois d’attente. Mais afin de répondre aux situations plus « urgente » et récompenser la fidélité, j’ai arrêté de prendre de nouveaux patients et cela depuis maintenant un an. Ainsi, je suis arrivé à faire baisser l’attente pour un rendez-vous à même pas deux semaines. D’ailleurs, j’ai même des créneaux réservés à l’urgence, il suffit de m’envoyer un petit sms. 

- Vraiment ? Génial ! Je peux avoir un rendez-vous alors ?

- Oui, évidemment. Mais, laissez moi terminer mon exposé avant cela, si vous le voulez bien ? 

- En regardant sa voiture : Allez-y ? 

- Je suppose, qu’avec vos dires, vous n’êtes pas allé consulter mon site quand vous vouliez un rendez-vous ?

- C’est exact, mais je croyais que c’était toujours avec des délais à rallonge… 

- C’est bien là que je veux en venir, votre supposition vous a empoisonné et vous a inhibé. 

- Ce n’est pas grave, car je vous ai devant moi maintenant ! Pas de hasard, vous dites toujours ça ! 

- Evidemment, mais cela révèle bien plus qu’un rendez-vous loupé. Cela révèle que par supposition, vous vous êtes privés de quelque chose que vous vouliez. Et combien de fois avez vous fait cela ? 

- Je ne comprends pas ? 

- Combien de fois par supposition, avez-vous tué votre projet dans l’oeuf ? 

- Les yeux se rougissent : je ne sais pas

- Combien de fois, par supposition, vous n’avez pas appelé une amie car vous supposiez que vous alliez la déranger ? Combien de fois, par supposition, vous n’avez pas abordé ce mec qui vous plaisait car vous supposiez qu’il était trop bien pour vous ? Combien de fois, par supposition, vous n’avez pas osé lancer votre projet car vous supposiez que cela ne marcherait jamais ? Combien de fois par supposition, avez-vous gardé le silence car vous pensiez que votre parole ne serait pas entendue ? Combien de fois par supposition, avez-vous adopté le comportement que vous supposiez qu’on attendait de vous plutôt qu’être celle que vous vouliez être ? 

- De bien trop nombreuses fois… 

- Vous allez encore me sortir que c’est parce que vous n’avez pas confiance en vous, bla bla bla… La tirade habituelle, mais tout ça n’est que du flanc. A la limite, c’est un conditionnement induit depuis notre plus tendre enfance à être devenu accro aux conformismes et à la réussite. Alors, par simple peur de ne pas avoir l’attitude attendue et donc la récompense, on ne fait pas ou pire on fait le contraire de ce que l’on voudrait ! 

- Mais comment changer-ça ? 

- Et bien en ne valorisant pas un seul et unique comportement. Mais en n'en valorisant plusieurs, comme valoriser autant l’échec que le réussite ! Et d’ailleurs ne plus parler de réussites ou d’échecs, mais simplement d’expériences. Dès lors que l’on parle d’expériences, j’inhibe l’attente d’un résultat en particulier d’une action ou d’un comportement. Car, elles produiront toutes une expérience. Bonne ou mauvaise d’ailleurs. C’est impossible d’échouer, c’est impossible qu’une action ne produise pas de réactions et donc d’expériences. Alors, je vais enfin pouvoir oser. On peut alors rentrer dans un schéma d’essais-erreurs. 

- Un homme en voiture passe et klaxonne en hurlant : tu es mal garée !  

- Passe à côté, j’écoute M Gigout ! Lui répond-elle, le visage rouge et les poings fermés !

- Et bien forcé de constater que vous mettez rapidement en pratique mes propos ! 

- J’ai toujours cru que c’était parce que je n’avais pas confiance en moi que je n’osais pas.

- C’était une simple excuse, pour soulager votre âme d’avoir des actes manqués. 

- Mais vous ne doutez jamais ? Comment savoir que ça ne va pas nourrir notre ego ? Vous osez tout ? Sans réfléchir ? Sans vous remettre en question ?

- Evidemment que je doute ! Quelle question ! C’est juste que j’accepte simplement et sincèrement l’idée de me tromper. Je pense au contraire, que c’est par peur de blesser son égo que l’on n’ose pas se lancer. Car l’échec, lui ferait trop mal. Il préfère ne rien faire que d’être rejeté, d’être moqué ou d’avoir loupé. L’égo n’est pas la partie qui vibre la plus en nous. Si on désire vibrer, briller pleinement, il faut vivre pleinement. Et vivre, c’est d’une part prendre des risques et d’autres parts avoir des expériences ! C’est la loi du Tao, le yin et le yang s’alternent sans cesse, il fait nuit, puis il fait jour, il fait froid, puis il fait chaud, je réussis puis j’échoue, je suis en bonne santé, puis je suis malade, je vis puis je meurs. Souvent, l’égo ne veut qu’une seule partie du Tao, il veut que le jour, la réussite, la santé, le chaud, la vie. Mais tout ça n’existe que parce que leurs opposés existent. Il ne faut pas les craindre. Ils sont indissociables de toute manière, on a pas le choix. C’est d’être réaliste que de l’accepter. 

- Je sais, nous le savons tous, on va mourir, mais c’est dur d’appliquer tout ça au quotidien. On attend tellement de nous. Cela fait peur ! 

- Oui, mais personnellement je refuse de vivre dans la peur. Et c’est un paradoxe. Je prends un exemple, si on vous provoque dans la rue, par une personne qui souhaite décharger une frustration mais que dans votre tête vous avez sincèrement accepté l’idée de mourir si vous vous battez, et qu’il y en a un de des deux qui ne rentrera pas chez lui ce soir. Vous verrez que vous n’aurez pas à vous battre… Le fait de ne pas mettre d’enjeu dans une situation conditionne un comportement et une attitude naturelle qui permettent d’éviter bien souvent les situations délicates. Je sais, que vous allez me trouver de nombreux contre exemple et que l’on doit tempérer et savoir adapter ces principes. Mais c’est un début pour oser abandonner le paraître et devenir qui vous voulez vraiment être. 

- Je vais essayer…

- Un agent de police arrive : Madame, c’est votre voiture qui est garée là ? 

- Emue apparement par la beauté de cet agent embelli par l’uniforme elle répond en bégayant : Oui Monsieur

- Vous ne pouvez pas vous garer là ! Vous gênez le passage ! Je vais vous verbaliser ! Vous voulez bien me suivre ?

Je grimace un peu gêné et nous nous saluons ! Voilà comment mon petit article pour ce weekend a prit naissance ! J’espère que vous allez oser un peu plus. Refusez les suppositions ! Essayez ! Privilégier l’expérience. Nous sommes bien souvent notre propre limite. Osez être qui on veut être, est un des meilleurs moyens de ne pas tomber malade ! Alors que je pense à formaliser cet échange pour vous le transmettre, une voiture s’arrête à mon niveau :

- Clément ! J’ai osée !!!!

- Qu’avez vous fait ?

- J’ai le numéro de téléphone du flic trop mignon !!! C’est Génial !! Merci !!! 

J'en reste sans voix !

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