La concurrence est un moteur
- Clément, j'ai une amie qui voudrait te demander si elle peut venir en stage, mais elle n'ose pas...
- Pourquoi donc ?
- Elle veut aussi ouvrir son cabinet, elle craint que tu la vois comme une concurrente ?
- Oh je vois et elle veut faire comme moi ?
- Oui, elle a fini son école en Juin...
- C'était une école de Clément ?
- Pardon ? Non, une école de médecine chinoise voyons !
- Donc elle ne veut pas faire comme moi ! Elle ne veut pas porter une blouse bleue ? Avoir une barbe et des yeux bleus ? Elle ne veut pas avoir le même franc parlé que moi ?
- Evidemment que non, elle est gentille et douce
- Ah oui donc, en effet, rien à voir avec moi !
- Ne fait pas l'enfant, tu l'accepterais ou pas ?
- Evidemment ! Cependant, je suis las de cette vision étriquée.
- Comment ça ?
- Ce n'est pas moi qui ai inventé la médecine traditionnelle... Elle ne m'appartient pas. Lors de mon stage au Vietnam, un des médecins nous expliquait que des élèves ayant reçu le même enseignement, d'un même maitre, seraient pourtant tous différents, avec une pratique très différente et une compréhension qui lui est propre selon son parcours. Si ton amie veut installer son cabinet en face du mien, cela m'est complètement égal ! Je l'aiderai même si elle me le demande.
- C'est très altruiste de ta part, mais faut bien vivre, je comprends que s'il y a trop de monde, il n'y aura pas de places pour tout le monde...
- Je ne suis pas d'accord, chaque praticien à son style, il lui est propre. Certes, il utilise le même référent, mais le style personne ne peut le copier. Certains, aimeront un praticien qui explique, d'autres qui laisse un silence, d'autres qu'il l'accompagne, d'autres voudront que ce soit rapide tant que c'est efficace, d'autres aimeront les massages et d'autres détesteront qu'on les touches... Il y a autant de styles de praticiens qu'il y a de besoins au final. Si chaque praticien a choisi cette voie pour sincèrement aider son prochain, et s'il s'avère que la manière d'aider, est de conseiller un autre style que le sien, il devrait le faire volontiers. Et nous pouvons extrapoler ce principe à toutes les pratiques. La médecine traditionnelle à certes un champ d'actions très larges, ayant était la seule réponse thérapeutique pendant des centaines d'années dans une des régions les plus peuplés du monde, mais depuis il y a nombreuses autres techniques qui ont étés éprouvés. Chaque maux pouvant être vu comme une vis, il y en a avec des têtes plates, à cruciforme, fraisée, cylindrique, etc... Et chaque pratique est un tourne-vis spécifique. Selon le maux, il faut savoir trouver le bon outil. Il n'y a aucune concurrence entre un tourne-vis cruciforme ou plat. C'est simplement différent. Je pense à l'hypnose, à l'ostéopathie, à l'EMDR, la microkiné, la sophrologie. Parfois, il y a plusieurs vis et donc plusieurs besoins, c'est ce qu'on appelle la médecine intégrative. C'est selon moi la meilleur des médecines, celle qui arrête de voir les choses en opposition, celle qui arrête de croire que c'est nous qui allons sauver le monde. Cette attitude n'aide personne et ne nourrit que les égos. Et naturellement, ce discours vaut aussi pour la médecine moderne, chimique et conventionnelle, qui est très souvent décriée par ceux qui viennent nous voir. C'est selon moi, l'intelligence, que de savoir reconnaitre les limites de chaque pratique et de n'en rejeter aucune. De toute façon, si on continue dans cette attitude, à se foutre les uns sur les autres, à s'insulter de charlatans ou de scientifiques fous, le seul gagnant dans ce combat sera l'intelligence artificielle avec une médecine sans âme ni coeur. Et comment un médecin sans humanité pourrait soigner des humains ?
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