Aïe !
Retour sur une séance en soin de supports pour la cancéro :
- Si vous saviez Clément comme je souffre, ces douleurs sont vraiment handicapantes, je ne suis bien que dans mon lit... Je n'ai plus goût à manger, je ne sors plus que pour les consultations médicales, c'est dur...
- Je comprends, en médecine chinoise, il est important de prendre en charge la douleur, il est dit que la chronicité de la douleur, va générer d'autres tensions de crispations dans le corps, qu'elle va altérer la qualité du sommeil et rendre la personne irritable
- Oui, je dors beaucoup moins bien, et mon mari en prend pour son grade, je déteste me voir ainsi et je le regrette... Aidez-moi avec vos piques-piques
- Installez-vous, nous allons regarder la langue et prendre le pouls
- C'est tout de même une drôle de manie que vous avez de vouloir toujours regarder ma langue...
- C'est pourtant grâce à son observation que je serais efficace
Quelques instants plus tard, alors que la séance a commencé et que je masse, le silence se rompt soudainement :
- Oh ! Bon sang ! La douleur diminue ! C'est incroyable ! Vous êtes magique !
- Je ne pense pas...
- Ne soyez pas modeste ! Je ne vous dis pas des bêtises, ça me soulage vos machins
- A mon sens, on peut aborder ce soulagement d'une manière très cartésienne. Seriez-vous d'accord pour dire que la douleur est une information ? Aussi pénible, que puisse t-elle l'être ?
- Oui ?
- Alors essayons avec l'imagination de modéliser cette information : prenons comme exemple l'idée que votre corps serait une gigantesque façade d'un immeuble dans une rue sombre. Votre douleur, serait alors une fenêtre de cette façade qui s'allume avec une lumière rouge. Et, pendant toute la période où vous souffrez, il n'y a que cette lumière, qui est localisée sur la façade à l'endroit où vous souffrez. Maintenant, avec mes massages et mes "piques-piques" comme vous dites, j'ai allumé d'autres lumières sur cette grande façade, des lumières jaunes, moins intenses, mais qui ont le mérite si on regarde dans l'ensemble de limiter la lumière rouge. Tout cela devient diffus, et mélangés, l'intensité en est donc réduite.
- Finalement, je vous croyez modeste, voilà que vous vous prenez carrément pour une lumière !
- Ah ah ! Je ne suis que celui qui allume !
- Pensez-vous que je pourrais allumer aussi des lumières ?
- Et bien oui, l'hypnose par exemple ! Elle propose des exercices d'auto-hypnose, qui vous aidera à supporter la douleur.
- Et si je coupais le courant directement ? Afin de ne plus avoir du tout de lumière ?
- Je comprends qu'avec cette douleur dans le temps, l'idée puisse être séduisante... Mais c'est selon moi une erreur. La douleur est une information, rappelez-vous, c'est important d'avoir l'information qu'un truc va mal dans notre corps, précisément pour que les médecins puissent vous prendre en charge. Nous pouvons essayer de dissocier deux choses : la douleur d'une part, importante et nécessaire et la souffrance d'autre part. Qui elle ne sert à rien. La souffrance serait de maintenir une douleur inutilement dans le temps. Cela peut-être fait consciemment, certains trouvent un intérêt et existe à travers la douleur, ou cela peut aussi arriver car la médecine moderne n'a pas de réponses et que la personne ne supporte pas les traitements. Dans tous les cas, aucune douleur est normale, chaque douleur donne une information d'un déséquilibre et il faut donc la traiter. Et une fois la cause identifiée, on ne devrait pas hésiter à faire appel à différentes méthodes afin de ne pas abandonner les gens dans la souffrance.
Commentaires
Enregistrer un commentaire