Être un miroir !

 Être un miroir !

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Voilà ma réponse !
Cette semaine, on m’a encore posé cette éternelle question 🙋‍♂️ J’avais déjà rédigé un article sur ce thème, mais comme on me repose la question, c’est qu’il ne devait pas être assez bien ! (Ou que les gens ne lisent pas mes articles 😛) Qu’importe, car à chaque fois, je trouve un nouvel élément de réponses. Et je pense que chacun aurait un autre élément de réponses à rajouter.
Mais quel est cette question ?
- Clément, comment faire pour vivre de son activité de thérapeute ?
C’est une question qui semble avoir du sens en ce moment, aux regards du nombre de « spécialistes » sur les réseaux qui font de la pub pour accompagner les thérapeutes à vivre de leurs métiers. Ceux qui ne sont pas dans le métier, ne voient pas ces pubs, mais moi j’en vois au moins 3 qui dépensent un budget colossal en pub pour se faire remarquer et proposer leurs services d’accompagnement. Deux conclusions : soit y a beaucoup de demande et de concurrence, soit le service ne marche pas 😛
Bref, j’ai décidé de partager mes éléments de réponses avec vous, car je trouve que c’est intéressant de voir l’envers du décor !
Selon moi, il y a deux éléments à prendre en compte chez le thérapeute : le chef d’entreprise et le praticien. Qui sont deux entités différentes, qui même parfois on le verra pourrait s’opposer, mais indissociable cependant. Tiens ça me rappelle un certain Yin/Yang ! On ne se refait pas…
Je vais donc faire 2 articles cette semaine pour présenter ces deux entités : un article Yin et un article Yang. Restez connectés si vous voulez les découvrir.

Forme Yang du thérapeute :
C’est la partie la moins abordée dans les écoles, et du coup la partie la plus difficile à appréhender. Elle est remplie de mythes et c’est souvent ici que le bas blesse.
C’est pourtant la colonne vertébrale d’un succès au cabinet ! Encore faut-il, casser les mythes et réagir en conséquence !
Mythe 1, la communication : il suffit de mettre une plaque et imprimer des cartes de visites pour obtenir des rendez-vous !
Il y a pléthore de praticiens, malheureusement, il ne suffit pas d’aménager un bel espace pour recevoir du monde et d’avoir un beau site internet.
Évidemment que c’est mieux que ce soit beau et Feng Shui, mais je connais de magnifique cabinet qui sont vides et des cabinets avec de la vieille moquette qui sent l’armoise où il faut attendre plus d’1 mois pour avoir un rendez-vous !
Personnellement, pour me faire connaître j’ai misé sur la pédagogie, c’est une technique étrangère, c’est à nous de prendre le temps de l’adapter aux personnes qui viennent nous voir. C’est important de casser les tabous et les préjugés. J’ai aussi organisé des conférences et je prenais du temps au début de chaque séance pour expliquer mon approche.
Je n’ai jamais fait aucune pub payante sur les réseaux, je n’ai même pas de site internet, j’ai cependant un agenda en ligne mais qui ne me ramène aucun nouveau patient, je l’ai d’ailleurs que depuis que j’ai commencé à avoir beaucoup de monde car il me fait gagner du temps de secrétariat. (Ce qui est non négligeable).
Enfin, je me suis spécialisé pour me démarquer, puis je me suis entouré de professionnels déjà installés, afin de miser sur une approche intégrative. La recommandation et le bouche à oreille a donc été et est encore mon unique source de nouveaux patients.

Mythe 2 le prix 🏷️ : beaucoup de praticiens sont des passionnés, ils sont capable de faire leurs soins gratuitement. Passionnés ou utopistes ! Je n’ai pas encore la réponse.
Beaucoup d’éléments peuvent expliquer ça, syndrome de l’imposteur (parfois, ce n’est pas qu’un syndrome cela dit…), manque de légitimité, peur de la concurrence…
Alors, car il faut bien remplir le frigo, ils proposent souvent le tarif qui leurs semblent « juste » ou le prix qu'ils pensent mériter !
Fatale erreur !
Ce n’est pas ainsi que l’on calcule… Avant tout nous sommes une entreprise ! Et on doit pouvoir vivre si on veut pouvoir aider sur la durée…
Quand on est pas dans le « soin », pour établir un prix on fait souvent un business plan. On met dans la case tout ce que l’on a depensé et ce que l’on doit dépenser pour faire vivre l’entreprise.
Il faut prendre en compte le coût des formations (environ 2000€/an), les livres (ça fait vite 100€ un livre dans le domaine), le loyer, l’électricité et l’eau, le matériel, les assurances pro, les tenues, l’essence (à ne plus négliger), la gestion des déchets, le médiateur commercial, l’adhésion à l’organisme pro… bref ça fait du monde à payer et il faut avoir vu pas mal de patients avant d’avoir un peu d’argent pour soi.
Et lorsqu’on a enfin notre partie, n’oubliez pas votre fidèle compagnon d’entreprise : l’URSSAF ! Avec des prélèvements sociaux que vous ne pourrez jamais jouir comme l’assurance chômage ou pour une misère comme pour l’assurance maladie et la retraite, il faut donc souscrire à des complémentaires en sus !
Et oui ! Vous êtes en France ! Ce n’est pas une terre pour les entrepreneurs.
Et cerise sur le gâteau, comme nous ne sommes pas une profession de santé, nous sommes donc soumis à la tva ! Petit cadeau qui a bien faillit me faire faillite l’année dernière.
On s’en retrouve à donc devoir faire payer plus cher et gagner moins !
Nombreux sont les praticiens qui ont fermés en même pas 1 année d’activités car ils n’ont pas fait les calculs !
A titre d’exemple, pour une séance à 70€ je touche 17€, hors impôt sur le revenu évidemment.

Mythe 3 la disponibilité : chouette ! Je suis à mon compte, je vais pouvoir gérer mon planning comme je le veux !
Voilà un nouveau mythe, bien destructeur ! Cette partie de l'entreprise est souvent celle qui est traitée en premier : « Je ne vais pas travailler le mercredi » et « je quitterais tôt le vendredi », « Je prendrais une semaine par mois de repos » etc...
Malheureusement, le cabinet ouvert et le monde prenant du temps à arriver, le stress commence à se pointer !
Car, qui dit cabinet ouvert, dit qu’il faut payer tous ceux de la liste dans l'article d'hier, et eux ne donnent aucun délai pour régler le montant dû !
Alors quel réflexe de survie arrive à notre entrepreneur ? Il pense que c'est son attitude trop laxiste qui empêche le monde de venir. C'est évident, les gens ne pouvaient venir que lorsqu'il a son jour de repos !
Alors, quand un patient se pointe, l'entrepreneur dans le besoin, se plie en quatre pour lui ! Il répond à 21h, écrit un mail le dimanche, accepte la séance à 20h...
Et petit à petit, c'est M Burnout qui se pointe ! L'entrepreneur qui se croyait libre, devient finalement emprisonné de sa patientelle, qui est souvent beaucoup plus exigeante que la convention collective de son ancien employeur ! Sans parler, que souvent la rémunération est bien inférieure à l'emploi qu'il occupait avant...
Alors, il décide dans un premier temps de reprendre un job et de faire son activité de thérapeute en complément, puis enfin petit à petit d'arrêter.

Mythe 4 la concurrence : sujet que j’ai déjà abordé, mais qui révèle souvent une manière de pensée qui est erronée.
(Enfin, comme à chaque fois sur cette page, selon moi et uniquement moi).
Il est extrêmement méprisant pour soi-même de croire que son succès ne dépendra uniquement de son exclusivité !
En découle souvent toute une stratégie très étrange… Il faut que je sois le seul praticien du quartier, il faut que je sois celui qui maîtrise le plus d’outils, il faut que je sois le plus visible…
Perso, quand il y a trop de lumières qui clignotent autour de la personne, je trouve ça louche…
Je sais aussi qu’il y a de nombreuses pratiques, où parfois il n’est pas si évident de faire la différence.
C’est d’ailleurs à mon avis, justement la même chose ! Mais on y a changé le nom pour contourner un peu la loi, ou pour obtenir un titre plus rapidement.
Par exemple, le titre d’energeticien à la place de praticien en médecine chinoise ! Si ce n’est la durée de la formation, faudra m’expliquer la différence.
Je sais aussi, combien il est difficile et long de maîtriser un outil ! Alors quand la personne affiche sur sa carte : ostéopathie, hypnose, médecine Chinoise, chiropracteur, et homéopathe soit il a 80 ans, soit c’est quelqu’un qui cherche l’outil miracle pour se démarquer. (Ça peut aussi être un chercheur, qui veut trouver les points communs entre chaque pratique, mais souvent ces personnes là sont plus dans les enseignements ou les livres que le soin en lui même)
De toute manière, il n’y a rien à chercher dans l’outil, mais simplement à l’intérieur de soi ! C’est pour moi l’une et probablement LA plus grande condition à la réussite : c’est le travail sur soi. Pas besoin de trente mille outils, au contraire, il vaut mieux être un artiste, qui maîtrise parfaitement son style et sa pratique. Ce qui lui permettra d être reconnu et unique.
Il suffit de choisir votre outil le plus adapté à votre style pour exprimer l’artiste en vous. Ça peut être l’aquarelle, la poterie, la sculpture… peu importe. Ce n’est que le moyen pour laisser s'exprimer l’artiste en vous, ce n’est qu'un support/outil.
Alors, quand vous avez compris que l’artiste c’était vous, et pas l’outil, il n’y a plus de craintes de la concurrence. Sauf si quelqu’un vous plagie, mais même ça, ça ne trompe personne.
Cet article ferme la partie Yang et m’amène donc vers les suivants et la forme yin du thérapeute : comment révéler l’artiste en nous !

Forme Yin du thérapeute :
Je l’ai déjà abordé, mais l’autre clé du succès c’est évidement le thérapeute en lui-même !
Je suis toujours triste d’entendre dire : oh cette technique, ça ne marche pas.
Comment peut-on dire ça en le pensant vraiment ? Tant il y a de nombreux éléments à prendre en compte avant de faire une telle conclusion. Par exemple : la technique était-elle appropriée au problème ? Le praticien était-il compétent ? La personne a t-elle suivie tous les conseils ? La personne a t-elle fait le nombre de séances suffisantes ?
Si vous prenez un jour dans votre vie le train et que celui-ci était à l’heure, cela ne signifie pas que tous les trains sont toujours à l’heure ! Ceux qui prennent souvent le train le confirmeront, n’est ce pas ?
Cependant, je dois avouer qu’à la question : le thérapeute était-il compétent ? Je pense malheureusement que l’on peut souvent répondre : non ! Il ne l’était pas !
Je suis toujours surpris par tous ceux qui, étudiant, refusent d’être « cobaye », refusent d’expérimenter avec leurs corps, refusent de ressentir ce qu’ils feront à leurs futurs patients.
Comment faire ressentir quelque chose ? Que l’on ne connaît pas soi-même ?
Cela me semble impossible ! Dans le monde martial, avant d’apprendre une technique on la reçoit ! Et cela fait déjà partie de l’apprentissage.
Ayant la chance d’intervenir comme formateur dans une école, je peux déjà dire qui aura un cabinet qui tournera bien ou qui sera en difficulté, juste à travers l’attitude de l’étudiant pendant la formation, même si je ne connais pas ces notes aux examens !
On est déjà thérapeute pour soi ! Et ça commence bien avant l’ouverture du cabinet.
Étape 2 : se soigner, avant de soigner les autres !
Dans certains soins, notamment des soins énergétiques, il y a forcément l’énergie du praticien qui intervient à un moment.
Même quand on entend que le praticien se connecte à une source supérieure ou divine et que ce n’est pas son énergie ! Car qui se connecte ou fait le canal ? C’est bien le praticien ? Comment être certain que son antenne est fiable ? Est-il sur le bon canal ? Est-il neutre ? Ou peut-il avoir des filtres ?
Ces questions me semblent cruciales, sans juger les pratiques et les croyances, peut importe qui travaille, dès lors que je paye quelqu’un pour une activité, j’estime qu’il doit être au top et donner le meilleur de lui même !
Même si en médecine Chinoise il n’y a pas de connexions avec quoi que ce soit (enfin, selon mes enseignements), c’est toujours le praticien qui est le centre de l’activité. En Chine il est considéré comme le général des armées. Il analyse, choisit ses armes et va au front contre le déséquilibre.
Alors vaut mieux que le général soit sain de corps et d’esprit.
Comment savoir si quelqu’un est sain dans sa pratique ? Pour moi, il me paraît évident qu’il sache de quoi il parle en l'ayant expérimenté. Par exemple, pour une pratique énergétique, c’est mieux de pratiquer l’énergie, et pour une pratique psychologique c’est mieux d’avoir fait un suivi psy, et ainsi de suite.
Pour ma part à chaque début de journée, je commence par un Qi Gong et un kata d’art martiaux.
J’ai suivi une psychothérapie pendant 4 ans ! Et oui 4 ans ! Alors que je pensais que j’allais bien 😛 !
Et évidemment à chaque changement de saisons, je vais faire de la prévention, je consulte régulièrement un hypnotherapeuthe, ostéopathe et praticien MTC.
Montrer l’exemple, est important et primordial selon moi. Surtout quand on accompagne des gens dans une pratique de prévention.

Je parlais dans la forme yang du syndrome de l’imposteur. Une personne qui n’oserait pas se faire payer le juste prix d’une séance car elle pense « voler » les gens. Ceci, est un raisonnement qui est totalement naturel quand on a une personne qui n’applique pas sur elle-même les principes qu’elle voudrait transmettre aux autres. C’est donc logique, qu’elle n’ose pas ou ne se sente pas légitime. Et vous savez comment cela peut se régler ? En se soignant et en se faisant accompagner (et donc en appliquant les principes qu’elle transmettra aux autres) : CQFD.
Mais il y a un autre syndrome qui peut se pointer et qui est tout aussi toxique ☠️ Il survient généralement (=il peut avoir d’autres causes) pour ceux qui commencent à comprendre les grands principes et à les avoir expérimenté sur soi. C’est le syndrome du sauveur.
Le praticien va alors absolument vouloir trouver une solution à votre problème, il va intervenir sans que vous ayez demandé de l’aide, il va toujours la ramener aux réunions de famille et il risque de se transformer en tyran, tyran bienveillant ! Mais tyran quand même !
Le problème du tyran, c’est qu’il fait de vous une victime. Et qu’il se dresse contre un bourreau, qui est bien souvent imaginaire !
Cependant, je refuse d’être une victime, et je vous conseille de faire de même !
En Chine on répète souvent : c’est votre corps et donc de votre responsabilité d’en prendre soin. Et c’est en partie de votre responsabilité si vous tombez malade.
Ça pourrait paraître un discours moralisateur et culpabilisant mais c’est le cas seulement si on pense comme une victime. C’est au contraire un message d’espoir, si on se place comme acteur de notre corps et de notre vie, alors le message devient un levier pour modifier la situation ! Ce qui est précisément le contraire d’être une victime.
Méfiez-vous de ces praticiens qui ne vivent qu’en étant praticien ! Méfiez-vous de tous ces bons conseils que vous n’aviez pas demandé. Car, c’est le risque de tomber dans l’engrenage, qui vous scellera en victime et donc dépendante du sauveur.
Voilà, pourquoi c’est très important pour moi, de payer le praticien. Car, ça équilibre la relation, et efface une notion de subordination. Un soin ne devrait pas être gratuit. Ou au minima, un échange de service. Cela permet d’aligner le consultant au même niveau que celui du praticien. L’un et l’autre s’apportant quelque chose dont ils ont besoin : un savoir pour l’un et un salaire pour l’autre.
Mais quand c’est gratuit, c’est louche ! Vous savez ce que l’on dit dans le commerce : si c’est gratuit, c’est que c’est vous le produit.

Être un miroir ! 🪞
Voilà la dernière partie, sur les pistes de réflexions d’un « succès » pour un cabinet. Je met entre guillemets car qu’est ce que le succès ? Qui suis je pour dicter des codes ? Voyez plutôt à travers ces lignes, le parcours que mes propres thérapeutes et superviseurs m’ont amenés à faire sur moi afin qu’aujourd’hui je puisse vivre de mon métier.
Car sans parler de succès, il y a une preuve très factuelle que le praticien fait ce qu’il faut, c’est que son cabinet soit remplis de rendez-vous. C’est finalement le seul juge. Et chacun aura sûrement d’autres visions et conseils ou stratégies.
Comme j’explique dans mon livre, il n’y a pas UNE voie, je partage seulement la mienne.
Et donc pour conclure, la dernière qualité du praticien c’est d’être un miroir pour la personne qui vient le voir.
Être le miroir le plus neutre possible, afin de permettre à l’autre de voir le reflet de son déséquilibre, le comprendre et le résoudre.
C’est selon moi, la seule chose que le thérapeute tout corps confondu doit faire.
Et pour arriver à être un miroir aussi neutre et ne pas faire d’échos de ses propres problèmes avec la personne qui vient le voir, il doit avoir fait un travail sur lui.
Il doit être en forme et sain d’esprit. Il doit pouvoir être un minima indépendant financièrement, pour se permettre de refuser des personnes qu’il ne saurait pas accompagner. Il connaît clairement ses les limites.
Et enfin, il montre l’exemple.
Ainsi tout est miroir, on dit souvent dans les réseaux de thérapeutes que l’on a la patientelle qui nous ressemble.
Et si on a pas de patients, c’est peut-être parce qu’on ne ressemble à rien ?
Le travail n’a probablement pas été fait !
L’entreprise est aussi un miroir de qui vous êtes ! L’entreprise est un des meilleurs outils de développement personnel, tant elle est liée à la personne. Elle est le miroir que vous devriez être pour les autres, sans jugement, sans complaisance ni hostilité, elle reflète simplement vos actions en chiffre. Et rien d’autre !
Alors voilà ce que j’ai répondu quand on m’a demandé : « comment fait-on pour vivre de son métier de thérapeute » : soit un miroir !



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